Nous avons pris l’habitude de nous rendre au musée Fabre pour découvrir les belles expositions temporaires que cette institution propose.
Cet été nous sommes conviés à un face à face entre deux artistes: Francis Bacon et Bruce Nauman

Francis Bacon est un peintre anglais (1909-1992)

Bruce Nauman est un artiste américain né en 1940; il a été un des premiers à explorer les possibilités de la vidéo dans les années 1960.
Ces deux créateurs placent le corps au centre de leur travail.
Dès le début du parcours, notre guide nous familiarise avec une vidéo de Bruce Nauman, celui-ci revisite l’acte de peindre. Il utilise son corps comme toile et ses mains comme pinceaux appliquant des couches de peinture sur son torse et son visage.
Tout près, dans un grand triptyque datant de 1971, Francis Bacon rend hommage à son compagnon George Dyer (qui s’est suicidé cette même année). Les corps ont subi une déconstruction, une distorsion violente. Ces corps déformés, ces têtes défigurées sont une représentation de la figure humaine qui domine toute l’œuvre de Bacon. C’est ainsi qu’il semble percevoir le drame de la condition humaine. Cependant, nous avons pu remarquer que la dislocation des formes organiques est toujours contenue dans un cadre. Cette structure se traduit par un simple jeu de lignes géométriques, une armature, une cage, ou un socle ( dans Fury par exemple), une série d’éléments qui isolent, emprisonnent le corps. Celui-ci est souvent mis en scène dans un espace circulaire qui évoque une piste de cirque (Three Figures in a Room 1964).
Bruce Nauman, reprend également, à sa manière, la notion de cadre. Dans sa vidéo «Walk with Contrapposto) il se déplace en se déhanchant dans un espace de plus en plus confiné ou bien se contraint à suivre une mince ligne tracée sur le sol de son atelier.
Tout comme le corps peint par Francis Bacon peut être mutilé, réduit à un torse et des jambes (Etude du corps humain 1982), chez Bruce Nauman les modelages de corps d’animaux sont tronçonnés puis ré-assemblés selon un processus d’hybridation, laissant le spectateur décontenancé . Les dernières vidéos présentées accentuent cet état de malaise, l’une d’entre elles nous montre une bouche isolée, désincarnée, proférant des mots sans suite, dans une autre un personnage répète la même formule obsédante, en allant jusqu’au cri. C’est sur le thème du cri que se clôt le parcours. On le retrouve chez Bacon dans sa célèbre série de portraits du pape Innocent X: une figure de pouvoir mais prisonnière dans sa cage.
Cette visite de proximité nous a menés sur un terrain très éloigné de notre perception habituelle de la peinture et de l’œuvre d’art; les pistes, renseignements, les explications détaillées de notre guide nous ont bien aidés à le défricher.
L’équipe des Amis du Musée Paul Valéry.
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