Lundi 16 mai: André Cervera présente son « Chemin de Croix » à la décanale St-Louis
Une vingtaine d’amis du musée Paul-Valéry se sont retrouvés lundi 16 mai en début d’après-midi sur le parvis de la décanale St-Louis. Nous y pénétrâmes après qu’une lourde porte en fer a été ouverte rue Brouillonnet par Stéphane Tarroux, le directeur du musée.

Après nous avoir distribué une fiche représentant les douze panneaux du « Chemin de Croix » d’André Cervera que nous venions découvrir, Stéphane Tarroux nous a rafraîchi la mémoire : la décanale, ou église du doyen, a été construite de 1702 à 1712 par Augustin Charles Daviler, architecte du roi, à l’emplacement d’une église provisoire en bois dont la première planche avait été clouée en 1666. De plan rectangulaire néo-classique, l’édifice a reçu une décoration dans le style baroque en vigueur à l’époque. Les fidèles pouvaient y suivre un chemin de croix de style sulpicien qui a été déposé à la suite du concile Vatican 2 et qui est entreposé dans les réserves du musée.
Stéphane Tarroux nous a ensuite présenté André Cervera, né à Sète en 1962, entré en peinture à 16 ans à la suite d’un voyage à Naples, passé par la prépa aux Beaux-Arts de Sète, forcément influencé par le travail de ses ainés Robert Combas et Hervé Di Rosa mais finalement engagé dans genre personnel désigné comme « l’expressionnisme latin ».

André Cervera nous a ensuite exposé la genèse de son « Chemin de Croix ». A la fin des années 80, la ville avait lancé un appel à projets artistiques. Cervera savait que le chemin de croix historique avait été déposé et il avait repéré que les cadres moulés sur les panneaux entre les pilastres de la décanale étaient vides. Il a proposé d’y installer un chemin de croix.
Le projet a été retenu. Il s’est mis au travail en s’inspirant de la peinture médiévale catalane — couleurs primaires, feuille d’or. Sur les douze plaques qu’il a réalisées (un chemin de croix comporte normalement 14 stations, mais en raison de la surface qui lui est attribuée, l’artiste ne peut en faire que 12, les trois chutes du Christ se trouvant réunies sur un seul tableau avant celui du dépouillement des vêtements), les personnages de formes primitives ont été masqués, ce qui restera une de ses signatures.




Le « Chemin de Croix » a été exposé plusieurs mois puis a été acquis par la ville et a été entreposé dans les réserves du musée. Il y est resté une bonne dizaine d’années avant d’être installé (non sans mal, les panneaux étant à 4 m du sol) à la place pour laquelle il avait été réalisé.

Après cette mise en perspectives, André Cervera a répondu fort gentiment aux nombreuses questions suscitées par sa présentation et son travail. Nous nous sommes séparés sur un regret, celui que la décanale n’ouvre pas plus fréquemment entre les cérémonies qui y ont lieu afin que le public puisse découvrir à loisir les œuvres qui y sont exposées.